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Christ roi de l’univers : Ce jugement … dernier

 

LES TEXTES :
Première lecture : « Toi, mon troupeau, voici que je vais juger entre brebis et brebis » (Ez 34, 11-12.15-17)
Psaume 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)  R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. (cf. Ps 22, 1)
Deuxième lecture : « Il remettra le pouvoir royal à Dieu le Père, et ainsi, Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 20-26.28)
Évangile « Il siégera sur son trône de gloire et séparera les hommes les uns des autres » (Mt 25, 31-46)

 

 

 

Bien-aimé dans le Christ,

L’année liturgique s’achève avec la fête du Christ Roi de l’univers, et le passage de l’Evangile selon saint Matthieu achève aussi le récit de la vie active du Christ, avant que commence celui de sa Passion, de sa mort et de sa résurrection. Dimanche prochain, nous entrons dans l’année liturgique nouvelle, avec quelques changements sur le plan liturgique, au Pater (Notre Père), nous ne dirons plus « Ne nous soumets pas à la tentation », on dira désormais, « Ne nous abandonne pas dans la tentation ».

Les lectures de ces derniers dimanches nous ont déjà préparé au texte évangélique de ce jour, le jugement. Mais en ce jour de la fête du Christ Roi, le jugement de ce dimanche est présenté comme « dernier ». Il n’est pas dernier seulement dans le sens où il est final, mais aussi parce qu’il consacre deux choses : la royauté du Christ, et l’essence dernier de son jugement.

Nous pouvons oser dire que c’est le baromètre de la foi, le code de procédure ? un peu oui. C’est presqu’un code de procédure. Mais, c’est surtout un code de royauté, et un code de bonheur. Car au début du texte, on affirme que Jésus viendra dans sa royauté. Il viendra au terme de l’histoire, lorsque les règnes auront échoué, auront été vaincus, ou seront passés, il restera un règne, celui du Christ, il restera un royaume, celui de Jésus.

Il y a dans cette première image deux affirmations capitales. Les royaumes du monde visible et invisible passeront tous, et à la fin, il restera un seul royaume, celui de Jésus. La deuxième affirmation est qu’il nous est donné dès aujourd’hui de faire partie de ce royaume qui survivra à tous les royaumes. Cette offre n’est pas une offre finale, mais une offre présente. Comme nous le fait voir le code de procédures, c’est dans les choix actuels que nous constituons notre identité en vue de ce royaume qui nous est parlé.

Fêter donc la royauté du Christ aujourd’hui, c’est découvrir le caractère relatif de tout ce que nous voyons, le caractère éphémère de toutes les forces historiques. Aujourd’hui, c’est affirmer avec fierté ce que beaucoup vivent de manière timide, c’est dire avec force, Christ est roi, et seul son règne subsistera à la fin de toute chose.

Alors que les règnes de la terre sont le plus souvent construit sur des histoires de sang, de victoire sur les autres, des accords de guerre, la royauté du Christ, celle qui triomphera est construite sur l’amour, le don de soi, sur l’attention à l’autre. De plus en plus, nous voyons des puissants de se monde se protéger en ayant double ou triple citoyenneté. Eh bien, même si nous ne nous retrouvons pas dans le même contexte de calculs humains, le Seigneur nous offre les conditions pour obtenir la citoyenneté de son royaume : c’est l’attention à l’autre, à travers le don, surtout à l’attention des personnes vulnérables.

Dans les royaumes actuels, on a la conviction que le bonheur s’obtient par l’accumulation, tandis que l’évangile nous enseigne aujourd’hui que la félicité parfaite s’obtient à travers le don, à travers l’attention aux personnes vulnérables. C’est à travers lui que le roi est servi.

J’ai été le plus souvent marqué par des personnes capables de marcher à pieds des kilomètres, pieds nus, en signe de dévotions. J’ai été marqué par des personnes capables d’imposer à leur corps les plus grandes privations, afin de plaire au Seigneur. J’ai vu des personnes acheter des croix en or, des objets de piété de grande valeur, afin de plaire au Seigneur. Je ne voudrais pas critiquer cela, ils ont sans doute le droit de se procurer ce plaisir. Mais je dis bien se procurer, car le plaisir qui est fait au Seigneur, l’évangile nous en parle, c’est l’attention au faible, au pauvre.

Eh bien, pour toucher le Seigneur et obtenir de lui la reconnaissance le jour de sa victoire, voici qu’il indique aujourd’hui comment le retrouver. Dans la personne vulnérable. Nous avons l’habitude de parler de pauvres, mais souvent on n’arrive pas à savoir qui n’est vraiment pas pauvre, et qui l’est vraiment, mais Jésus nous indique qu’il se trouve dans les situations de vulnérabilité : cet enfant à qui il manque une gomme pour se sentir à l’aise en classe ! Cet ami qui a envoyé un sms, ou qui bipe, parce qu’il veut 25 frs pour une minute de causerie ! Oui sa pauvreté, sa vulnérabilité, c’est dans cette solitude qui l’étrangle maintenant et qui peut le conduire jusqu’à l’absurde et Jésus dit : je suis en lui ! accueille-moi, écoute-moi, regarde-moi, souris-moi !

Il est important de noter que les critères évoqués dans ne sont pas d’ordre religieux. Ce sont des critères d’ordre corporel, social et même politique. C’est en effet en quelque sorte le texte le plus politique de tout le nouveau Testament. Il met en rapport le Christ et tous les humains, dans les dimensions corporelles et sociales qui sont communes à tous, sans indications d’appartenance à une nation, une religion, un âge, un sexe. La reconnaissance du Christ, la fidélité à sa parole passent par le service de tout être humain, comme lui l’a accompli. Les six domaines de la vie qui servent de critère pour le jugement dernier concernent trois aspects.

— Le Circuit économique : la faim et la soif nécessaires à tout être humain pour une survie économique.

— La Sphère sociale : délimitation par le vêtement et le logement, l’hébergement.

Chacun doit être protégé. Il doit pouvoir vivre dans la dignité, avoir droit au respect et entrer en relation avec les autres

— Le Domaine éthique et politique. La possibilité de se déplacer et de rencontrer autrui pour celui qui ne peut se déplacer, qu’il soit alité ou emprisonné.

Ce texte d’évangile est porteur d’une manière neuve de penser toute relation, religieuse ou non : ce sont les faits qui rendent authentique la foi. « Sans œuvre la foi est vaine et morte » écrira saint Jacques. (Jc 2, 14-26) Et saint Paul ajoutera que sans l’amour les œuvres sont vaines ! (1 Co, 13)

Toutes les situations humaines évoquées dans la parabole du jugement sont des situations tragiques, apparemment négatives : faim, soif, exil, dénuement, maladie, prison. Des situations propices à la désespérance toujours présentes dans nos sociétés modernes et plus encore dans le monde entier. Des situations où chacun peut se laisser aller, mais aussi montrer le meilleur de lui-même, retrousser ses manches, se jeter à l’eau pour sauver celui qui se noie, redécouvrir la solidarité, réapprendre la compassion et la tolérance.

Dans l’évangile, le Roi s’exprime au passé : « J’avais faim, j’avais soif… » Et les gens aussi lui répliquent au passé : « Quand t’avons-nous vu ? » Au jour du jugement Dieu dira à tous : ma maison, mon royaume ne sont pas seulement ceux d’après la mort. Votre monde, c’est aussi le mien. En Jésus mon Fils j’y ai fait ma demeure et j’y reste présent. M’y reconnaissez-vous ? Faites que la vie sur terre ressemble à celle du ciel, faites qu’y règnent les Béatitudes, et vous posséderez déjà ce que vous espérez. C’est donc sur la terre que le ciel est déjà commencé, que le jugement est à l’œuvre, et chacun est en quelque sorte son propre juge, à travers ses choix et ses décisions. Dieu vit déjà au milieu des hommes, alors si on ne le reconnaît pas sur la terre, comment pourrait-on le reconnaître au ciel ? Si on a rejeté ce qu’il propose, comment pourrait-on souhaiter vivre en sa présence ?

Dieu s’identifie en quelque sorte à l’affamé, au prisonnier, au malade… Voilà la grande nouveauté de l’Evangile. Puisqu’en Jésus, Dieu s’est fait homme, a partagé la condition humaine, en choisissant la condition des pauvres et en se rendant solidaire des pécheurs, des gens rejetés, désormais c’est à travers eux qu’il se donne à reconnaître et à rencontrer. Jésus est roi dans le royaume de Dieu. Sa royauté n’est pas de ce monde, a-t-il déclaré à Pilate, au sens où elle n’a rien d’une royauté mondaine, mais elle est bien enracinée dans le monde.

L’Evangile nous suggère que Dieu reconnait ses citoyens ! Oui, je t’ai reconnu, tu m’as accueilli ! oui, je t’ai reconnu, tu m’avais donné un habit, tu m’avais écouté quand j’étais vraiment abattu ! tu es venu un jour et on a passé toute la soirée, un dimanche, on a passé un après midi ensemble quand j’étais malade, et cela m’avait beaucoup soulagé, oui Dieu n’est pas distrait ….

Mon frère,

Tu as à faire à un Roi, dont le Royaume est déjà victorieux de tous les royaumes de ce monde, et dont le royaume survivra à al ruine des royaumes passagers. Mais chose étrange ! Ce roi, est là au présent, car dans l’évangile, il parle au passé, et on répond au passé. Etrange roi qui est pour le moment vulnérable et qui quémande notre attention ! à travers la famine, la solitude, le dénuement, …

Que messe nous aide à nous faire reconnaitre par Dieu dans le quotidien.

 

Bon dimanche, bonne fête du roi

 

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