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En cette fête du Saint Sacrement, il nous est donné de méditer sur la profondeur de l’amour. L’amour est un mystère ! La plus belle expérience du monde, que Dieu a rendu présent dans son Corps et son Sang, signe efficace de son Amour et toujours présent au milieu de nous. Au-delà des belles processions de ce jours, en plus des louanges et de l’adoration, nous louons le Dieu d’Amour dont l’amour se rend permanent et se donne à manger, et à boire. C’est un amour qui devient signe et transformation. L’Eucharistie est signe de salut pour l’homme et pour tous les peuples.

Les textes

1e Lecture : Lecture du livre de l’Exode. Ex 24, 3-8

Psaume 115 : R/ J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur.

2e Lect : Lecture de la lettre aux Hébreux He 9, 11-15

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc. Mc 14, 12-26

 

La fête que nous célébrons en ce jour nous unit à une longue et vieille tradition, celle qui scelle la libération du peuple juif, et son alliance avec Yahvé. Libéré d’Egypte, le peuple Juif est totalement surpris : ce n’est pas par la sagesse stratégique d’une armée, ni par la richesse de ce qu’ils avaient accumulé, qu’ils sont sauvé de l’esclavage. Cette libération et cette liberté, ils la doivent exclusivement à Dieu. Même Moïse ne s’arroge aucun droit sur cet événement fort. Il sait et confesse que c’est l’Eternel !

Et tout le peuple comprend le sang mis sur les portes, comme signe à l’ange de l’Eternel ! C’était le sang de l’Agneau immolé, partagé et mangé ensemble qui scelle et soude désormais le peuple dans un même et unique destin. Cet agneau et ce sang versé en Egypte pour sortir des mains du pharaon préfiguraient le Sang du Christ versé sur la montagne du calvaire, pour donner à l’homme une vie libérée de l’esclavage et de la tyrannie de ce monde. C’est pour rendre perpétuel cette liberté que Dieu établit dans la 1e lecture une alliance avec son peuple, et plus tard par Jésus il établira une alliance avec l’humanité.

Le don de la loi dans la première lecture est scellé par le sang d’un agneau avec lequel on asperge l’autel sur lequel l’alliance est scellé. La lettre aux Hébreux nous enseigne que pour sceller la nouvelle alliance, ce n’est plus le sang d’un agneau qui a été versé, mais c’est le Sang du Fils de Dieu, le Sang de Jésus-Christ.

La lettre aux Hébreux semble bien maitriser les coutumes et les traditions partagées par beaucoup de peuples. Pour sceller les alliances, ou demander des faveurs divines, c’est souvent par des sacrifices que les hommes procèdent. Et pour avoir certaines faveurs importantes, on demande que le sacrifice soit vraiment éprouvant, et si vous réussissez l’épreuve, alors vous mettez les faveurs divines de votre côté.

La Lettre aux Hébreux, dans la même logique, montre la supériorité du Sang du Christ, l’Agneau sans tâche, le Fils de Dieu ! Voici ce que ce Livre affirme : « S’il est vrai qu’une simple aspersion avec le sang de boucs et de taureaux, et de la cendre de génisse, sanctifie ceux qui sont souillés, leur rendant la pureté de la chair, le sang du Christ fait bien davantage, car le Christ, poussé par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans défaut ; son sang purifiera donc notre conscience des actes qui mènent à la mort, pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant. »

C’est le mystère de ce sang versé que nous fêtons en ce jour ! C’est ce sang versé, cette vie donnée pour nous que nous fêtons en ce jour. Et la Lettre aux Hébreux affirme l’efficacité de ce sacrifice : « Voilà pourquoi il est le médiateur d’une alliance nouvelle, d’un testament nouveau». Le deuxième lecture nous révèle ainsi la grandeur du Sang versé, la grandeur de ce mystère d’amour que le Christ réalise une fois pour nous, et qu’il nous recommande de répéter en mémoire. La 2e lecture nous annonce que par ce geste, Jésus est le prêtre du nouveau sacerdoce, l’unique médiateur de grâce pour les hommes. Et on peut se demander ce que valent les autres sacrifices !

Nous pouvons y répondre en affirmant avant tout l’efficacité indiscutable du sacrifice du Christ. Dans la messe, ce sacrifice du sang versé est chaque fois fait en « mémoire », et le Christ selon sa promesse réalise pour les hommes, l’efficacité sacramentelle libératrice et salvatrice de son Sang. Sacrifice efficace, sacrifie unique !

C’est toujours paradoxal de rencontrer des chrétiens qui demandent une prière efficace ! ou qui achètent des huiles ou des encens exotiques, pour obtenir une grâce. Certains quittent même l’Eglise pour aller chez un « pasto » tapis dans l’ombre du quartier, afin d’être libéré ! Voici le livre aux Hébreux qui nous enseigne sur la puissance et l’efficacité du Sang du Christ, sur l’efficacité de l’Eucharistie ! Il est là ! Il est à toi ! Prends-le, profites-en !

Le sel bénit, ou l’eau bénite, ou encore l’encens venu de coin du monde, rien de tout cela n’est supérieur à l’Eucharistie, rien de tout cela n’est supérieur au Saint Sacrement. On a l’impression que les chrétiens deviennent de plus en plus fétichistes. En ce jour, la Lettre aux Hébreux nous redonne de découvrir la bonté de Dieu qui se met à notre disposition de manière permanente. C’est peut-être cette disponibilité qui semble ne pas intéresser les hommes et les femmes de notre époque, pour qu’ils aillent à la recherche de quelque qu’ils pensent supérieur.

Le Sacrement du Corps et du Sang du Christ a une autre valeur libératrice. Dans la célébration de ce pain donné par Dieu, Jésus prend la peine de réaliser le mystère du salut de l’humanité au cours d’une scène ordinaire de la vie. C’est au cours d’un repas du soir, au cours de la cène. La Cène ou le moment du souper, représente le moment où toute la famille se rassemble, libéré des peines quotidiennes pour partager le fruit du travail quotidien.

Puis, ce qui est aussi frappant, est que dans ce mystère d’amour, Dieu sauve l’homme dans son activité. Il ne l’extrait pas du monde pour le sauver, mais il le sauve à travers sa fatigue quotidienne. Il le fait en prenant le pain, et le vin. Et nous pouvons noter : le fruit de la terre, mais aussi de notre travail.

C’est le fruit de ce travail que Jésus assume en déclarant : ceci est mon corps, ceci est mon sang. Et cela, il le prend des mains d’un homme. c’est l’offrande « d’un tel », comme nous le dit l’évangile, c’est le pain de la terre, le vin, sueur de la peine quotidienne que Jésus donne en disant : voici mon sang pour votre salut. Et nous découvrons l’autre présence réelle de Jésus dans le travail quotidien.

En adorant donc Jésus pain de vie, nous le reconnaissons aussi présent dans nos activités. Et c’est là que l’adoration se prolonge. Notre travail quotidien devient le lieu où l’adoration prend forme comme foi existentielle. Tout ce que je fais est désormais à devenir adoration ! C’est dans cette activité que Jésus me sauve ! Nous comprenons le sens de l’assomption totalitaire ! Dieu ne sauve pas ainsi une partie de l’homme, il sauve tout l’homme, toute son histoire, et se rend présent dans tous les ateliers de sa journée. Tout travail dans lequel Dieu ne peut se rendre présent devient une condamnation. Tous les vols, les viols, les esclavages sont ainsi des trahisons au salut.

« Sanguis Christi inebria me [Sang du Christ, enivre-moi] : Jésus, de vous j'ai reçu la vie. C’est votre sang qui m'a régénéré. Je tiens tout de votre sang. Ma vie commence au Calvaire. C'est cela qu'il faut que je comprenne. Il y a un ordre ancien qui comprend la pensée, les affections humaines, la cité : cet ordre est révolu. C'est un monde nouveau qui commence au Calvaire. C'est le monde du Sang du Christ. Ce sang est l'unique valeur. Il n'y a plus rien d'autre. Il est l'unique sève. Ce monde naît au y calvaire, du côté percé de Jésus, et de là couvre l'univers. Ce sang est tout mon trésor, il est ma vie. Donnez-moi d'être étranger à tout ce qui n'est pas l'univers de votre sang - et si j'ai connu le monde selon la chair, de ne plus le connaître. Vous êtes toute vie. Et il n'y a de vie qu'en vous. Tout le reste est abrogé. »

Il s’agit d’un grand mystère : le Sang du Christ, versé sur la Croix, nous est donné dans le sacrement de l’Eucharistie. Le Seigneur a choisi ce moyen pour s’unir à nous pour différentes raisons : il a donné un sens nouveau aux rites anciens, tant juifs que païens, qui ont toujours utilisé le sang ; il exprime ainsi la violence de son amour : il préfère mourir que de nous voir nous perdre. Il sait que nos âmes, si elles possèdent un peu de sensibilité spirituelle, ne pourront pas être indifférentes à un tel signe… Ne nous habituons pas à voir le sang du Christ couler sur nos autels pour baigner nos âmes : demandons la grâce d’ouvrir les yeux à un tel mystère et laissons l’Esprit nous bouleverser.

Abbé André Marie Kengne

Mouvement Pro discipulatis

 

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