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2e dimanche du temps ordinaire : notre homélie

Une rencontre qui transforme

 

Les textes de ce dimanche nous donnent de comprendre que la rencontre avec le Seigneur transforme toujours l’homme. Quand nous rencontrons le Seigneur, quelque chose se passe dans nos vies : il nous parle et sollicite notre docilité pour l’écouter (1e lecture), il transforme notre vie et nous devenons le Temple de son Esprit (2e lecture) et finalement, il nous envoie raconter aux autres ce que nous sommes devenus, ce que l’homme devient après la rencontre avec son Seigneur (Evangile).

 

LES TEXTES

1e Lect : Lecture du premier livre de Samuel 1 Sam 3, 3-19

Psaume (39 (40), Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

2e Lect : Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens 1Co 6,13-20

Evangile : Évangile de Jésus Christ selon saint Jean Jn 1, 35-42

 

L’histoire de la relation de l’homme avec Dieu est une relation dans laquelle la rencontre avec Dieu change l’existence de l’homme. C’est ce qui s’est passé clairement avec Abraham, avec Moïse, avec Paul, Samuel, avec les disciples et aujourd’hui avec toi. La rencontre avec le Christ, sommet de la rencontre avec la Parole de Dieu, et sa volonté, suscite chez les 1e disciple cette demande : « Maitre, où demeures-tu » ?

Comme nous l’avons vu avec la visite des rois mages pendant les fêtes de Noel, et principalement pendant l’Epiphanie, l’homme est un être en recherche, et les différentes recherches de l’homme débouchent sur une nouvelle recherche, pour dire l’infinité de la recherche de l’homme, et comprendre pourquoi l’homme est un éternel insatisfait. Chaque homme désire trouver une réalité qui comble le sens de sa vie, de son existence, qui donne sens à ses décisions, à son identité.

Dans la 1e lecture, le petit Samuel fait l’expérience de la rencontre avec Dieu, qui vient dans la vie de ce jeune. Il vient directement, mais c’est Elie qui l’aide à trouver le sens de la présence de Dieu. De plus en plus, nous voyons des personnes vanter les révélations spontanées au cours desquels ils ont reçu Dieu comme un flash dans leur vie. Sans vouloir remettre en doute l’authenticité de leur expérience, l’histoire de Samuel nous indique l’importance du conseil de l’autre dans notre vie.

A travers la figure du vieillard Eli, la rencontre de Dieu devient possible et réelle pour le jeune Samuel. Le Seigneur a des projets pour Samuel, pour ce jeune qu’Il aime beaucoup, et pourtant, Il ne vient pas directement plomber dans la vie de ce jeune. Encore de manière très délicate, il approche le jeune, en mettant en valeur la présence de l’autre, et surtout d’un vieillard. De plus en plus, nous avons une culture qui fait des vieillards des poids pour notre société aspirante à l’éternel jeunesse et l’éternelle jouissance.

Cette 1e lecture nous montre que Dieu ne doute pas de l’intelligence, de l’agilité et de la force de la jeunesse, mais il nous indique que la présence des adultes est une chance et une bénédiction, par laquelle il passe pour nous confier ses projets. Samuel vit au temple ; théoriquement, il sait beaucoup de chose de Dieu, mais il ne l’a pas encore rencontré. Il y a aujourd’hui, beaucoup de techniciens de la chose sacrée. Ils en savent au point où lorsqu’ils en parlent, Dieu lui-même ne s’en sort pas. L’histoire de Samuel synthétise l’expérience de la foi : le lien avec Dieu est global. Il appelle, mais l’homme nous guide à l’expérience profonde de la rencontre, une rencontre au cours de laquelle, Dieu parle !

Qui pourrait savoir ce que Dieu disait à Samuel cette nuit-là. Et la 1e lecture ne nous révèle pas encore le fond de ce colloque. Plus loin, Dieu parlera des fils d’Eli, de sa tristesse de ne pas les voir disponibles à écouter le Seigneur et à imiter Eli leur père. Nous savons une chose plus importante, Dieu parlera à Samuel pendant de longues heures la nuit ! Voilà ce qui révèle la beauté de ce texte. Dieu a tant de choses à nous dire, tant de projet pour notre vie, notre existence. Et aucun projet de Dieu n’a jamais été faillimentaire.

De ce colloque nocturne avec Samuel, on comprend finalement le désir de Dieu de demeurer en nous, au point de faire de nous son Temple, comme il est écrit dans la 2e lecture. Dans l’évangile, on nous parle encore de rencontre. Jésus, le Fils de Dieu, Parole de Dieu pour le monde, va à la rencontre des 1e disciples, c’est-à-dire de ceux qui acceptent de le suivre. Ceux-ci sont touchés par la rencontre, et démontrent la soif de leur cœur en demandant où est-ce que Jésus demeure.

La réponse de Jésus est vague, et apparemment fugace : venez et voyez. En fait, on ne saurait parler d’aucune vacuité dans cette réponse, parce que Paul nous indique finalement là où Dieu habite : dans nos vies. La rencontre avec Dieu a comme effet, comme objectif de transformer le disciple, au point de demeurer en lui. Donc le chemin avec Jésus devient un chemin vers la découverte de soi-même, de son intériorité.

C’est pour cela que Jean le présente sous une forme très tendre. Il ne sonne pas la trompette, en hyperbolisant l’instant, mais il le présente comme « l’Agneau de Dieu ». Un Dieu présenté au monde comme un Agneau, c’est le 1e mystère qui nous dévoile que la force de Dieu, sa puissance se traduira dans sa fragilité, et que même tes victoires à toi, si tu es son disciple, exigeront ton immolation. L’Agneau, avant d’être présenté dans l’Apocalypse comme Vainqueur, est connu dans toute la Bible comme l’Agneau Immolé.

Et le disciple alors. Quand l’homme qui rencontre accepte Jésus, il accepte de suivre l’Agneau, ils prennent de manière consciente le chemin de l’abattoir. Ils le font, sans même encore savoir qu’au bout il y a la victoire de l’Agneau, ils le font par amour. Suivre le Christ, répondre à l’appel, c’est comme Samuel, laisser que Dieu parle et que le Serviteur écoute, et que la Parole de Dieu ait un effet dans la vie ! que sa vie devienne manifestation de Dieu, et que son Corps devienne un temple.

Je regarde toujours avec beaucoup d’admiration comment certaines sectes ont matérialisé cette idée du corps qui est temple du Saint Esprit. Ils ont compris que la 1e grande débauche est souvent vestimentaire. C’est l’habillement aujourd’hui qui attise la débauche chez beaucoup de personnes. Sous le fallacieux prétexte de valoriser son corps, beaucoup de femmes fertilisent et fermentent de nos jours l’esprit de débauche, et participent ainsi de manière consciente ou inconsciente à l’érotisation de notre société.

Mais le dimanche, je vois souvent les protestants avec leurs vestes blanches aller au culte. Et en semaine, tous les jours, on reconnait les témoins de jéhovah par leur habillement toujours soigné décent et responsable. On dit que l’habit ne fait pas le moine, mais l’habit indique le moine, et nul ne se sentirait à l’aise sur un lit d’opération, en voyant venir un docteur vêtu avec la combinaison d’un mécanicien. Et de là, nous pouvons continuer à développer les discours sur le corps comme temple, qui ne doit pas être objet de débauche !

Il est clair que la rencontre de Dieu doit toucher nos vies. Il ne sert à rien de réduire la foi à une chose privée, intérieure, et personnelle. Le disciple, celui qui suit Jésus, devient la demeure de Jésus, et Jésus habite en lui. Dieu n’habite pas seulement notre cœur, ce qui est presque facile pour tout le monde, de dire qu’il a Dieu dans le cœur. La Parole de Dieu que nous accueillons comme Samuel, est appelée à agir dans nos vies. Oui la 1e lecture mentionne qu’aucune des Paroles du Seigneur ne fut sans effet dans la vie de Samuel. Ce jeune garçon a donc dû laisser transparaitre l’habitation de Dieu dans sa vie.

« Parle Seigneur, ton Serviteur écoute ». Pour que cette oriente fut possible, Samuel qui vivait au Temple et qui connaissait les choses sur Dieu, a dû aller à l’école d’un vieillard. De notre savoir, nous avons besoin de la sagesse des vieillards, de leur amour, … J’admire l’attention de Samuel qui la nuit, au moindre murmure, court voir si Eli n’a pas un besoin ! Et c’est dans cette attention que le Seigneur prépare le cœur de celui qu’il aime. Amen

Abbé André Marie Kengne

Mvt Pro discepulis

Tag(s) : #Homélies
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