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"Qu'ils soient un" : malheur au chrétien qui cultive la haine et la division!

La force de l’unité. Dans un monde fortement divisé, nous nous rendons compte que seuls les ensembles unis réussissent. L’unité est le secret de la force, et du bien-être collectif. Un proverbe africain dit que « la rivière qui cheminait seule a fini par s’assécher. » L’unité est le secret de la force, du bonheur collectif et individuel. Nul ne peut être heureux seul. Et l’unité est une expérience possible seulement quand l’amour est réellement vécu avec passion.

En ce moment où les grands d’Occident s’unissent au sein des grandes unions, où les grandes entreprises fusionnent pour dominer le marché et conquérir facilement le monde, le message de ce dimanche interpelle la pauvre Afrique. Pauvre de ses enfants qui s’opposent entre eux, se décomposent dans un orgueil aveugle. C’est alors que le message de Jésus résonne fort dans nos cœurs, dans le cœur des croyants : « qu’ils soient uns ». Ce message est adressé d’abord aux chrétiens comme témoignage de leur être chrétien, afin que ce témoignage devienne un bien précieux pour toute la société.

 

Les textes

1e lect : Lecture du livre des Actes des Apôtres (Ac 1, 15-17.20a.20c-26)

Psaume(102 (103), 1-2, 11-12, 19-20ab) R/ Le Seigneur a son trône dans les cieux.

2e lect : Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jean 4, 11-16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jean 17, 11-19)

 

Ce dernier dimanche de Pâques nous prépare de manière immédiate pour la Pentecôte. Et pour que le cadre de cet événement soit prêt, Pierre complète le collège des Apôtres, afin que rien ne manque à la mission. Dans la deuxième lecture, Jean nous rassure que les baptisés ont pleinement reçu le Saint Esprit, et nous rappelle le don du Saint Esprit : l’Amour ! Puis, il nous édifie sur les fruits de ce don précieux de Dieu aux croyants et à son Eglise : la perfection dans l’amour, parce que nous demeurons en Dieu. C’est l’évangile qui nous partage le testament de Jésus dans une forte émotion. Comme dernière synthèse de son témoignage, il dit en prière : « qu’ils soient uns ».

C’est dans la prière, c’est-à-dire dans un dialogue avec son Père que Jésus laisse à ses disciples son vœux le plus fort, le plus profond. Le vœu de l’unité. C’est par l’unité que Dieu est glorifié, c’est par l’unité que nous pouvons dire que nous vivons de la vie de Dieu ! Jésus, dans sa prière dévoile le mode de vie qui le lie au Père : une unité parfaite. Saint Jean Paul II nous enseignait ainsi :

« Une spiritualité de la communion consiste avant tout en un regard du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés. Une spiritualité de la communion, cela veut dire la capacité d'être attentif, dans l'unité profonde du Corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme « l'un des nôtres », pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde. »

La vraie communion naît de la présence de la Trinité, et nous conduit à bien plus que la sympathie ou la solidarité pour nos frères, même si elle inclut nécessairement ces attitudes. Elle engendre une qualité de regard surnaturel qui nous permet de déceler en notre frère, ce membre du Corps Mystique, le même mystère qui s’opère en nous : la présence de Dieu. D’où une rénovation totale de nos relations mutuelles, comme l'explique Jean-Paul II :

« Une spiritualité de la communion est aussi la capacité de voir surtout ce qu'il y a de positif dans l'autre, pour l'accueillir et le valoriser comme un don de Dieu: un « don pour moi », et pas seulement pour le frère qui l'a directement reçu. Une spiritualité de la communion, c'est enfin savoir « donner une place » à son frère, en portant « les fardeaux les uns des autres » (Ga 6,2) et en repoussant les tentations égoïstes qui continuellement nous tendent des pièges et qui provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousies. »

Très souvent, en effet, nous ne percevons des autres que leurs caractéristiques et comportements extérieurs. Même dans nos familles et nos communautés – peut-être surtout dans ces communautés – nous n’entrons pas en contact profond avec les autres personnes. Pourtant nous franchissons vraiment une étape dans la charité et dans la vie spirituelle lorsque nous devenons capables de voir l’œuvre de Dieu en nos frères, que cette œuvre soit déjà très aboutie ou encore balbutiante.

Mère Teresa disait voir parfois très distinctement la présence de Dieu dans ceux qu’elle secourait. De la même manière nous sommes appelés à voir dans le confrère ou le collègue de travail, dans le conjoint ou l’enfant avec lesquels nous partageons la vie matérielle et affective, au-delà de l’inconnu qui est mis sur notre chemin, un être unique en qui Dieu réside et qui est sacré par essence. Nous sommes invités à entrer en communion avec une âme qui, comme nous, chemine vers le Père, jusqu’à ce que Dieu soit tout en tous (1 Cor 15) ; elle est membre du Corps Mystique : l’autre ne m’est donc plus extérieur, mais intérieur dans le cœur de Dieu.

Nous terminons, ce dimanche, notre parcours de la Première Lettre de saint Jean (1Jn 4), avec l’invitation vibrante de l’apôtre à « demeurer dans l’amour ». C’est ce qu’il veut léguer à sa communauté, et à nous, au terme d’une vie de consécration au Christ qui avait commencé dans sa jeunesse, par cette question : « Maître, où demeures-tu ? » (Jn 1,38). Alors que les yeux de Jean faiblissent à la lumière de ce monde, son cœur répand une lumière éblouissante : « Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui » (1Jn 4,16).

C’est le mystère de l’Amour divin qui établit la communion à tous les niveaux : entre les croyants (nous aimer les uns les autres), entre le Seigneur et la communauté (Dieu demeure en nous), entre le croyant et le Seigneur (Dieu demeure en lui, et lui en Dieu), à l’image de la communion trinitaire. Les trois Personnes divines sont en effet bien présentes : le Père comme origine de tout (le Père a envoyé son Fils…), le Fils objet de foi (celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu…), l’Esprit comme don fait aux croyants (il nous donne part à son Esprit) ; et ces trois Personnes nous « aspirent » dans le mystère de leur unité : c’est ainsi que nous pouvons « demeurer en Dieu ».

C’est le mystère d’amour qui rend possible l’unité. Et comme nous l’avons mentionné en guise d’introduction, les familles qui vivent l’unité sont toujours plus fortes, robustes et prospèrent. Il en est de même pour les réalités sociales, nos quartiers, nos paroisses, nos CEB, sont les laboratoires de la force dans l’unité. Nos Eglises et communautés chrétiennes s’essoufflent si elles perdent le souffle de l’unité, et deviennent incapables d’être ciment de l’unité dans un continent où on peine encore à s’unir.

C’est paradoxal d’imaginer qu’à l’ère des grands ensembles, les sous-ensembles s’émiettent en Afrique, et des chrétiens participent à la décomposition sociale, à travers les divisions et les tribalismes. Comme engagement, que mon baptême me porte à ne pas croire ma tribu meilleure, et l’autre tribu n’est pas un repaire de brigand et de malfaiteurs. Cultiver cette idée est contraire à la présence de l’Esprit en nous.

Remplis de l’Esprit Saint, célébrons le don de l’autre, comme occasion de l’unité et de la joie profonde dans le Seigneur.

Bon dimanche vers Pentecôte

 

Abbé André Marie Kengne

Mouvement Pro discipulatis

Tag(s) : #Homélies, #Méditations chrétiennes
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