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Le Christ ressuscité nous laisse ses signes, transforme nos plaies!

LES TEXTES

1e Lect : Lecture du livre des Actes des Apôtres(Ac 3, 13-15.17-19) : « Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts »

Psaume (4, 2, 4.7, 9) : R/ Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage Alléluia !

2e Lect : Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 2, 1-5a) « C’est lui qui obtient le pardon de nos péchés et de ceux du monde entier »

Évangile : Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ;  (Lc 24, 35-48) « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour »

 

Bien aimé dans le Seigneur,

Les textes de ce dimanche nous transportent au soir de la resurrection, où nous voyons réunie l’Eglise de Jérusalem, alors que les marcheurs d’Emmaüs sont en train de raconter leur rencontre avec le Seigneur (Lc 24). Jésus lui-même se rend soudain présent à ses disciples qui, comme les femmes, le matin, sont « frappés de stupeur et de crainte ».

La présence de Jésus dans nos vies est toujours bouleversante, se veut bouleversante, comme la présence d’un sculpteur face à un tronc ou à une pierre à sculpter, à modeler. Quand il cheminait avec eux en Galilée, sa présence, ses paroles, ses gestes étaient déjà bouleversants ! Maintenant, sa présence vient nous bouleverser, dans le sens où Il nous propose clairement une nouvelle vie, une vie de foi et de communion avec le ressuscité, qui ouvre les portes du ciel.

Cette nouvelle vie, nous la voyons à l’œuvre dans la communauté chrétienne grâce à deux apôtres de première importance : saint Pierre, qui harangue le peuple dans le Temple de Jérusalem (Ac 3, première lecture), et saint Jean, qui écrit tendrement à ses enfants spirituels (1Jn 2, deuxième lecture).

Dimanche dernier, l’expérience de Thomas nous a permis de nous rendre compte que la foi en la résurrection n’est pas facile. En fait, y croire facilement reviendrait à dire que c’est un fait ordinaire. Pourtant il est unique ! Les disciples ont pu croire, parce qu’ils avaient été préparé par un discours de ce genre, avant le mort du Christ, mais ils n’y prêtaient pas du tout attention. C’est ainsi qu’ils pourront croire en la résurrection, mais pas facilement. Si dans le texte de Jean, on met en lumière le doute de Thomas, dans celui de Luc que nous avons lu ce jour, c’est toute la communauté qui n’arrive pas encore à y croire !

C’est unique, mais aussi merveilleux ! A la communauté rassemblée, Jésus offre le don de sa présence, et consacre ainsi le caractère sacré de toutes les rencontres de ceux qui sont baptisés en son Nom. Chaque fois que nous sommes réunis, Jésus se rend présent, il nous fait le don de sa présence et des biens de la résurrection.

L’évangile de ce jour reprend donc le thème des signes de la résurrection de Jésus, qui deviennent les signes de l’Eglise, la mission de tout baptisé. Nous avons ainsi les signes : de la paix, des Ecritures, des sacrements, des pauvres et des plaies. A travers les apparitions, Jésus donne aux disciples et au monde, les signes pour reconnaitre sa résurrection, mais aussi sa présence.

L’un des signes permanents du ressuscité, est la paix ! Le Seigneur apporte toujours la paix à ses disciples, « La paix soit avec vous ! », un salut qui rappelle le titre de Prince de la Paix qu’Isaïe donnait au Messie dans ses prophéties (Is 9,5). La paix est l’un des signes de l’action et de la présence de Dieu. Les décisions et les actions qui nous laissent en paix portent sa marque. Quelle est mon expérience de cette paix ? Y suis-je attentif, est-ce que je sais y reconnaitre le Ressuscité ? Pour trouver cette paix, je dois aussi savoir me retirer et prendre le temps de la prière dans le silence, pour que puisse descendre la paix de Dieu jusqu’au fond de mon être.

L’âme fidèle sait reconnaître dans cette paix la présence du Seigneur : elle lui permet de « suivre l’Agneau partout où il va » (Ap 14,4), dans la confiance d’être sur le bon chemin, même si les circonstances extérieures semblent affirmer le contraire. Chaque fois que nous militons pour la paix dans la vie des autres, et autour de nous, nous sommes vraiment les disciples du ressuscité, qui dit dans les béatitudes : « heureux les artisans de la paix, ils sont appelés fils de Dieu ! »

Puis dans ses apparitions, nous avons le signe des Ecritures ! Lorsque Jésus apparaît en ce soir de Pâques, il conquiert petit à petit le cœur de ses disciples qui passent de la crainte à la joie ; pour leur faire accomplir la conversion totale qui est celle de la foi, il lui faut aussi convertir leurs intelligences. Saint Luc le note explicitement : « Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures » (Lc 24,45). Les pèlerins d’Emmaüs quelques versets plus haut disaient : notre cœur n’était-il pas brûlant au-dedans de nous quand il nous parlait en chemin et nous expliquait les Ecritures ?

Le disciple est appelé à laisser que l’Ecriture convertisse son intelligence de sa vie et du monde ! Cette action d’ouvrir les intelligences à la compréhension des Écritures, le Christ ressuscité continue à l’accomplir tout au long de l’histoire de l’Église et jusqu’aujourd’hui. La parole de Dieu n’est pas un récit ou un simple texte de sagesse. Elle est vivante et nous rejoint personnellement dans les circonstances concrètes de notre vie. Elle doit nous toucher et brûler notre cœur, comme pour les disciples d’Emmaüs. Est-ce ainsi que nous la lisons ? Beaucoup d’entre nous ont la très bonne habitude de faire un examen de conscience avant de terminer leur journée. Il serait également très utile de faire, plusieurs fois par semaine, le point sur la Parole : elle m’a touché, elle m’a éclairé. Il faut bien sûr, pour cela, prendre le temps de la lire, de l’entendre à la messe et aux offices, et de l’accueillir. Nous verrons alors qu’il y aura toujours une phrase, une expression qui viendra nous rejoindre. Le Christ ressuscité nous rejoint par la Parole de Dieu.

Le sacrement est un signe sensible de l’amour de Dieu ! Parmi les signes sensible de ce Dieu qui nous aime, nous avons les plaies de Jésus ! Jésus ressuscité montre toujours ses plaies à ses apôtres : elles sont d’abord un signe pour qu’ils reconnaissent son identité personnelle avec le Crucifié, mais elles sont surtout la source de la Miséricorde divine, comme nous l’avons médité la semaine dernière. Comment le Seigneur nous permet-il aujourd’hui de toucher ses plaies ? Ce sont d’abord les sacrements, en particulier ceux qui manifestent plus particulièrement sa miséricorde : l’Eucharistie, le pardon, le sacrement des malades.

Dans l’Eucharistie, le Seigneur se donne à nouveau ; le pain consacré est son corps livré et ressuscité. Nous revivons le mystère du Calvaire de manière réelle. Il nous montre, sous le voile des espèces, son corps meurtri et ressuscité ; il nous le donne en nourriture. Dans le sacrement du pardon, ses blessures répandent sur nous le sang et l’eau qui purifient, guérissent et apaisent. Dans le sacrement des malades – qui n’est pas réservé aux mourants – le Seigneur vient rejoindre celui qui souffre comme il le faisait pendant sa vie terrestre. Sa présence et son réconfort sont parfois sentis de manière très sensible par les fidèles et les effets sont souvent étonnants. Sa voix résonne : « La paix soit avec vous ! »

Très tôt dans son histoire, l’Église a découvert qu’il lui était donné de participer à ces plaies glorieuses et de s’identifier ainsi au Christ miséricordieux. C’est la vocation particulière des martyrs : des femmes et des hommes configurés au Christ jusque dans sa Passion. À chaque génération, les chrétiens sont soutenus dans la foi par ces compagnons martyrs à la foi inébranlable ; ils sont parmi nous ce Christ vivant présentant ses plaies aux disciples incrédules : « voici mes mains et mes pieds ! ». Nous chantons souvent pendant l’offrande : « prends ma vie Seigneur ! … » et au même moment il nous parait très dur de donner notre vie ! de donner un pain, de faire une offrande. Où est mon martyr d’aujourd’hui ?

Le Seigneur ressuscité est également présent dans les pauvres. Ce n’est pas seulement pour eux-mêmes que nous sommes appelés à servir les pauvres mais parce que mystérieusement le Christ est présent dans celui qui souffre, qui manque de l’essentiel et continue à crier « j’ai soif ». Pour trouver le Christ dans le pauvre – qu’il s’agisse d’une pauvreté matérielle, morale ou spirituelle – il faut qu’il y ait rencontre ; nous ne pouvons donc pas aller vers les pauvres avec l’idée de faire seulement une bonne action et en repartant très vite. Il faut qu’ils deviennent pour nous des frères et que nous les rencontrions en vérité, en acceptant de les aimer et d’être aimés d’eux.

La transformation de nos plaies : En cette soirée de Pâques, tout se transforme : les signes de la Passion deviennent source de joie pour les disciples ; les cœurs peureux se laissent remplir de l’Esprit d’audace ; les intelligences lentes à croire ce qu’ont annoncé les Prophètes (Lc 24,25) s’ouvrent à la foi. Dans nos célébrations eucharistiques, le Christ ressuscité vient à notre rencontre pour prolonger en nous ces transformations, il nous invite à le rencontrer dans les Écritures, dans les sacrements, dans la présence des martyrs et dans les pauvres.

Il existe aussi, en chacun de nous, une réalité cachée qui attend la venue du Ressuscité : nos plaies personnelles, ces blessures qui proviennent de notre histoire marquée par le péché, le nôtre et celui d’autrui, et qui marquent notre psychologie, notre vie spirituelle, nos relations avec autrui. Le Christ ressuscité veut les transformer en sources de grâce. Nos plaies personnelles sont ainsi assimilées aux plaies du Ressuscité, et par elles l’Esprit peut s’écouler. Merveilles cachées de la Miséricorde !

Abbé André Marie Kengne

Mouvement Pro discipulatis

Tag(s) : #Homélies, #Méditations chrétiennes
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