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Connaitre le Seigneur : Pour vivre, il faut mourir! Qui meurt aura la vie

 

Textes :

1e Lect : Lecture du livre du prophète Jérémie : « Je conclurai une alliance nouvelle et je ne me rappellerai plus leurs péchés » Jéremie 31 ; 31-34

Psaume (50 (51), 3-15) R/ Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu. (50, 12a)

2e lect : Lecture de la lettre aux Hébreux : « Il a appris l’obéissance et est devenu la cause du salut éternel » (He 5, 7-9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean ; 12 ; 20-33 « Si le grain de blé tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 20-33)

 

« Si le grain de blé tombé en terre refuse de mourir, il ne peut porter du fruit, mais s’il meurt, il portera beaucoup de fruits. »

Bien aimé dans le Seigneur

Nous avons eu l’habitude d’écouter ce verset de l’évangile de Jean lors des funérailles, des enterrements. C’est comme si cela s’adressait aux morts ! Et avec raison, elle parle de l’urgence de mourir pour vivre ! Elle s’adresse à nous en ce cinquième dimanche du temps de carême.

Les textes d’aujourd’hui s’adressent à des personnes ayant fait l’expérience de la tentation et de la résistance au péché, l’expérience de la purification du temple intérieur, au long des dimanches, et qui aujourd’hui, veulent connaitre Jésus. La première lecture nous parle de ce désir de Dieu de se faire connaitre, et nous dit que la Loi du Seigneur permettra désormais à l’homme de faire l’expérience de la connaissance de Dieu. Dans cette lecture du livre du prophète Jérémie, il nous est clairement indiqué que la connaissance directe du Seigneur sera désormais possible à travers une loi qu’Il inscrira dans notre vie, dans notre cœur.

Et pour que cette connaissance de Dieu soit possible, il nous faut un cœur renouvelé, un cœur vrai et disponible à accueillir la sagesse et la connaissance du Royaume. Eh bien, dans la seconde lecture, on comprend déjà pourquoi il nous faut un cœur nouveau et pur. C’est parce que la connaissance de Dieu qui nous est donnée d’expérimenter exige un chemin que l’intelligence de l’homme ne saurait accepter facilement.

Pour que cette connaissance de Dieu soit possible, la deuxième lecture nous montre déjà le schéma de Jésus. Pour plaire à son Père et réussir sa mission, la Lettre au Hébreux que nous avons écouté nous fait voir que sa vie a été une obéissance totale à son Père. Cette lecture précise que le Christ, lui qui est Fils, n’a pas désobéi ! Il a accepté que sa vie soit une offrande de prières, de supplications, de larmes à Dieu. Nous voyons déjà comment se dessine la loi qui nous permet de connaitre le Seigneur, et d’être exaucé ; la loi du sacrifice, la loi de la mort.

De manière plus simple et directe, l’évangile nous parle de cette loi : si tu veux vivre, tu dois mourir. Jésus saisis l’occasion des grecs qui sont venus à sa rencontre, pour proposer cette loi qui n’est pas du tout logique. Voilà pourquoi j’ai dit que l’évangile de ce jour s’adresse à des personnes prêtes à mourir, à obéir à Dieu jusqu’à la mort.

La parole de Dieu de ce dimanche s’adresse à des personnes qui veulent donner un sens fort à leur vie : connaitre le Seigneur. Des personnes qui sont fatigués de vivre une vie qui les conduit plutôt vers la mort. Jésus s’adresse à des personnes qui veulent la vraie vie, la vraie connaissance. Alors que les grecs sont reconnu pour leur philosophie, Jésus leur offre un paradoxe : pour vivre il faut mourir.

Ceci est véritablement paradoxal dans un monde où pour vivre il faut être fort, il faut dépasser les autres, il faut même les piétiner. Jésus, au cœur de l’évangile de ce jour, nous offre la sagesse du royaume : si tu veux vivre, tu dois mourir, et si tu meurs pour lui, tu vivras ! Par contre si tu vis, tu mourras !

Même si cela parait paradoxal, nous y trouvons la réalité et le secret même de l’élévation. Dans la vie, tous ceux qui ont atteint les hauteurs, sont d’abord passé par un autel. Celui qui a vraiment voulu expérimenter une grandeur, a toujours trouvé devant lui un autel ; il a toujours dû faire un sacrifice. Cette loi est draconienne dans les cercles mystiques, où on demande le plus souvent aux néophytes de faire des sacrifice d’un être cher. Mais chez Jésus, il demande que ce soit toi-même qui meure, qui porte une croix, afin de recevoir en toi la vie.

Si le grain de blé tombé en terre refuse de mourir, il reste seul. Le Seigneur nous ouvre les yeux sur la sagesse profonde du Royaume. La nature nous fait observer que pour qu’une terre puisse produire du fruit, elle doit accepter la houe, pour qu’une fleur puisse faire percevoir son parfum, elle doit être cueillie, écrasée, pour qu’un vase puisse laisser échapper son parfum, elle doit être brisée.

Et c’est dans ce travail de brisement que le Seigneur nous indique la voie de la connaissance. Chaque fois que le Seigneur voudra t’élever, il te donnera une croix. Et pour que tu puisses t’élever, tu devras porter une croix. La croix, c’est donc le lieu de la connaissance de Jésus. Nous la trouvons proposée partout où Dieu veut donner la vie à ceux qu’Il aime. Et ainsi chaque fois que nous trouvons une croix devant nous, soyons certains que Dieu est entrain de vouloir semer une graine dans notre vie.

Nous trouvons pourtant la croix partout : elle se trouve dans ces frères, dans cette sœur de la même famille qui est difficile à aimer. Quand Dieu te donne un mari qui ne te comprend jamais, ou une femme qui n’est jamais satisfaite, le Seigneur veut briser ton orgueil, pour te donner la vrai vie ! alors accepte de t’humilier, sois humble et tu recevras quelque chose d’invisible. Ce collaborateur, ou ce patron qui ne nous apprécie pas, ou ce voisin qui veut toujours nous humilier, ce sont ces circonstances, et bien d’autres.

Il faut savoir mourir ! Il faut savoir accepter la mort. La Lettre aux Hébreux nous parle du Christ et de ses larmes, de ses prières incessantes, de son obéissance. Oui, il arrivera que pour te donner l’épreuve du brisement, le Seigneur te pousse à l’extrême ; qu’Il te fasse accepter ce que tu ne devrais pas, qu’Il te fasse demander pardon là où tu ne devrais pas ! tu pourras être contraint de demander des excuses alors que tu as raison, afin d’arranger plusieurs situations.

Il faut savoir mourir. Dieu ne met pas sa gloire dans les vivants, et Marie nous le dit dans le Magnificat : « Le Seigneur renverse les puissant, et élève les humbles ». Le vivant est orgueilleux, et une fois mort, tout homme est aimé, respecté, porté, et même lavé. On vous offre un cercueil qui est souvent plus cher que les meubles de votre chambre. Oui, on le fait parce qu’il est mort, et qu’il n’est plus orgueilleux. Il en est de même sur le plan spirituel : quand tu meurs, Dieu s’occupe de toi.

Si dans les situations de la vie, ta force, ton orgueil sont blessés, alors Dieu est entrain de vouloir mettre sa vie en toi. Il convient que tu acceptes donc que dans ces situations, la raison du monde ne trouve pas place en toi, mais la raison de la croix, c’est-à-dire la raison de l’amour. Oui, la croix, c’est l’obéissance de Jésus, c’est la souffrance de l’innocent, la souffrance jusqu’à l’extrême. Mais sur la Croix, Jésus nous a enseigné une chose : il n’a pas été victime de la croix, il a maitrisé la croix : sur sa croix, au lieu de se morfondre, ou de maudire, il a aimé.

Il faut un cœur pur et renouvelé pour accepter cette sagesse, cette connaissance. Ce dimanche, nous découvrons un peu mieux la sagesse de la croix et son paradoxe. Elle n’est pas facile à accepter, pourtant le chant du magnificat peut nous laisser imaginer le bonheur que procure une telle connaissance, pareille vision : « il s’est penché sur son humble servante » ! Oui, aimer, c’est mourir, pas un peu, mais totalement, c’est apprendre à faire de ma croix, le trône de mon amour.

Ma prière, c’est justement d’avoir cette sagesse-là, la rencontre avec ma croix ! Oui c’est savoir mourir, comme le chantait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « mourir d’amour » c’est « vivre d’amour » ! Oh Dieu donne-moi de savoir mourir, et dans toutes les situations de mon histoire, d’accepter d’être brisé, afin que le parfum de mon baptême puisse se répandre. Oui, donne-moi de mourir, afin que tu me prennes en charge, oui Dieu, donne-moi cette sagesse-là.

Abbé André Marie Kengne

Mouvement Pro discipulatis

Tag(s) : #Homélies, #Méditations chrétiennes
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